dimanche 18 février 2018

La Guajira.


Nous quittons Baranquilla en direction de Santa Marta. La route emprunte un long cordon de sable qui sépare la "cienaga" (marais, lagune) de la mer bordée de mangrove. De pauvres villages vivent de la pèche et de petites salines.



Au quatrième jour du carnaval, Santa Marta vit sur un rythme tranquille, les services publics sont fermés, comme la maison du parc de Tayrona.




Nous avons quelques difficultés à trouver la route, et bientôt la piste, de Bahia Concha, où nous pensons passer la nuit. La piste s'achève devant un portail fermé: les accès au parc Tayrona sont fermés en février. Les communautés indigènes ont obtenu ce mois de fermeture sur les trois qu'ils demandaient.
Déception. Heureusement, Edith, la femme du gardien, Santiago, nous permettra demain matin, d'aller à pied jusqu'à la plage et elle nous accompagnera pour une agréable baignade, toute heureuse d'avoir un compagnon de bain, moi, et une compagne de bavardage, Nicole. Hors saison, elle s'ennuie franchement. Nous déjeunerons ensemble dans notre Euskal-Go, pour un vrai moment partagé.




Nous quittons un moment la route pour nous glisser au milieu des bananeraies: priorité aux bananes qui traversent la piste. 


Palomino, surplombé des presque 6000 m de la sierra Nevada de Santa Marta, la plus haute chaîne côtière du monde, est un village très touristique, rendez vous des routards, et prétendument plus belle plage de la côte caraïbe: une longue et étroite bande de sable gris attaquée par les vagues qui rendent la baignade périlleuse. D'accord, y'a les cocotiers.
Notre forme ne nous permet pas d'envisager la randonnée vers la cité perdue.


Plage bien plus belle plus loin près du parc naturel "los flamingos" absents à cette saison.

Un petit indien du cru nous aide à finir notre déjeuner.


A Riohacha, le marché au poisson se tient sur la plage, au pied du "malecon", et la manif des étudiants à l'étage au dessus.


Un problème au genou nous permet de visiter une clinique locale pour une radio et une ordonnance. Il faudra régler ça en France et faire avec en attendant, mais ça m'em.....
Nous bivouaquons à deux pas des petites cabanes du malecon.


Quelques gouttes de pluie nous accompagnent sur la route de "ripio" qui longe maintenant la côte. Un premier "desvio" nous lance sur les "trochas" qui serpentent en territoire indien et nous tombons tout de suite sur une chaîne tendue à l'entrée de la première communauté: le péage réclamé est de 1000 pesos, environ 32 centimes d'euro. Ok. Mais à la sortie, il y en a un autre. Puis un autre à deux cent mètres, et encore un autre. Nous avons ramené le péage à 200 pesos et enfin suivi un 4x4 local qui s'en tire à chaque fois avec deux pains à la confiture.


Les ibis blancs, rose ou rouges fréquentent les lagunes en compagnie des hérons blancs, des spatules et des canards.


 Au premier village, après avoir retrouvé la route de ripio,nous faisons une provision de ces de petits pains en prévision des futurs barrages.



A Manaure, un petit garçon partage encore notre repas: il se régale du poisson séché et fumé que nous n'apprécions que modérément. A la sortie du village, un "bloqueo" de collégiens. Un groupe de jeunes en moto nous fait passer par les "trochas" sur quelques kilomètres et forcent ou contournent les barrages. Ils se contentent de 2000 pesos et de 4 petits pains!


Bien heureusement, sur la piste que nous prenons vers Cabo de la vela, les barrages sont levés à cette heure là: chaînes et cordes traînent au sol, personne en vue. va-t-il nous falloir manger tous les petits pains?


Cabanes de pêche des indigènes sur le rivage.

Nous trouvons un bivouac tranquille au pied du phare de Cabo de la vela; une ampoule de quarante watts clignote toute les quarante secondes. Le paysage est totalement désertique et seuls les cactus prennent un peu de hauteur.


 Les communautés indiennes Waynuu vivent dans un dénuement extrême. Comment peut on vivre dans un tel environnement? Au village même, l'activité touristique, restaurants, hébergements, petits commerces, se développe avec l'aide des autorités.



Nous rencontrons un sympathique jeune couple français de Rouen, Alice et Florent. Ils ont acheté une voiture au Chili et voyagent 6 mois en Amérique du sud.
En début d'après-midi, nous prenons la route de Punta Gallinas, la pointe nord du continent, pas sûrs du tout d'y parvenir. Après avoir traversé des collines de cactus et d'épineux où se nichent les communautés waynuu - cordes à terre, pas de barrages en service- la végétation a totalement disparu.
Nous roulons sur le fond de lagunes asséchées, mais gare à la première pluie, on en connait qui se sont retrouvés sur le toit!
Vers dix sept heures, alors que la piste indiquée par le GPS demeure introuvable, nous quittons le fond de la lagune pour chercher un bivouac dans les cactus. Nous entendons les cris des enfants à quelques centaines de mètres. Inévitablement, après trente minutes, nous sommes repérés: hommes femmes, enfants nous invitent, fermement, à les suivre jusqu'au petit pueblo de la communauté pour notre sécurité. Un grand massacre a eu lieu ici en 2004 (?). Allez, chouette, on va passer la nuit chez les indiens. J'offre une bière à Luis, Nicole discute avec Julia, les visites d'Euskal-Go s'enchaînent. Je négocie avec Luis pour qu'il nous guide demain, en moto, jusqu'à Punta Gallinas, encore lointaine; j'ai compris que nous ne pourrons y arriver seuls. 100.000 pesos, départ à 7 heures.
Mais Julia, revêche, veut nous parler en privé: elle est "cacique" de la communauté. Notre sécurité, bla bla bla, le massacre, bla bla bla, la colline sacrée où nous nous étions installés, bla bla bla....
On la sent venir, on coupe court, combien ? 300.000 pesos !!! Presque 100 euros !!! Pour le même prix,on a passé 4 nuits à Bogota, petits déjeuners incluidos, tan poco à Cartagena.
Gracias Julia por la bienvenida, lo siento Luis, vamonos...
Malgré la nuit tombée, et grâce au GPS qui me montre notre trace arrière, nous reprenons la piste: une heure après, nous sommes revenus sur la route de ripio et trouvons à nous installer en contrebas de la voie ferrée, sous la surveillance d'un "vigilante": la voie ferrée transporte le charbon d'une immense mine à ciel ouvert vers le port de puerto Bolivar d'où il va être exporté vers divers pays.




Au petit matin, les indiens de la communauté proche attendent qu'on leur distribue les petits pains qu'ils ont aperçus à travers les vitres du ranger.



Nous quittons la Guajira après un tour à Uribia où s'approvisionnent les habitants de la région.






Le paysage change du tout au tout quand la route s'enfonce dans la vallée fertile qui sépare la sierra de Santa Marta et ses sommets glacés de la sierra vénézuélienne qui culmine ici à 2500 m. Les nuages dissimulent les sommets et nous interdisent les photos.
Nous longeons la frontière à quelques kilomètres pour atteindre Valledupar, grande ville très aérée au bord du rio Guatapiri. C'est la capitale de vallenato, genre musical colombien dominé par l'accordéon.


Nous trouvons notre bivouac au cœur d'un "balnéario": pas de baignade, malheureusement, le rio est pollué, la police veille. Mais du coup, tranquillité absolue et wifi gratis qui me permet d'écrire ces lignes. Et l'eau à volonté au poste de police.
Bon, du coup, je vais faire la lessive pendant que Nicole se la coule douce.

4 commentaires:

  1. Etape bien sauvage, merci pour récit photo continuez bien !

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  2. La bourse ou la vie remplacée par les petits pains ou la vie...étonnant !

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  3. Super , ici c'est la sibérie , mon cousin reptile a l'air de bien supporter la chaleur , vos amis Isabelle et Francis , ça rappelle le morceau de Fugain ,ils remontent vers le brouillard , vous descendez vers le midi..., le midi !!! Ciao A+ BIZZZ !!!

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  4. Quelle aventure!
    Je me rends compte que j'ai loupé des jours et des jours de vos aventures. Heureusement je me rattrape. Votre voyage a l'air magnifique. Amusez vous bien!

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