mercredi 30 août 2017

Les monts Alborz.

Quand nous avons, à Chiraz, pris la route de la remontée vers le nord, nous pensions suivre grosso modo la chaîne des monts Zagros, par Khororam Abad, Kermanshah et le caravansérail de Bisotun, puis Sanandaj avant de recouper notre route vers Zanjan et gagner les rivages de la mer Caspienne. Nous nous rendons compte que ce programme ne pourra se faire dans les délais de nos visas: il ne nous reste que huit jours à passer en Iran.
Nous changeons notre fusil d'épaule, et remontons en une grosse journée de route jusqu'à Karaj, dans la banlieue de Téhéran. Nous avons un aperçu de la circulation effrayante dans l'agglomération de la capitale.
Pendant le week-end, l'unique route qui relie Téhéran à la Caspienne, fonctionne en circulation alternée: nous sommes obligés à un mauvais bivouac sur un trottoir de Karaj, dans l'attente de la réouverture de la route dans le sens Téhéran-Chalus. A minuit, nous laissons des hordes de voitures iraniennes se lancer sur la route de montagne étroite et dangereuse et nous attendons le lendemain matin pour nous y risquer. Après une centaine de kilomètres au fond d'une gorge profonde, le long d'un torrent furieux, nous obliquons à l'est entre les hauts sommets qui dominent Téhéran. Le plus haut col de notre périple, à 3200 mètres, nous permet de plonger dans une belle vallée verdoyante, parsemée de villages aux toits très colorés. Un deuxième col, à peine moins haut, nous ouvre une vue époustouflante, au sud sur le massif du mont Damayand, 5671 m, au nord sur la mer Caspienne, ou plutôt sur la mer de nuages qui la recouvre.




















 

Après une longue descente, 3000 m de dénivelé sur une quarantaine de kilomètres, en bonne partie dans le brouillard, nous n'avons d'autre choix pour notre bivouac que le camping du parc national Sisangan en bord de mer, seul accès à la Caspienne, tant les rivages sont urbanisés, stations balnéaires à tout-touche.




lundi 28 août 2017

Les tulipes renversées.



Chaque année au printemps, des milliers de touristes se rendent à Fârsân, dans la province de Tchahâr Mahâl va Bakhtiâri, pour admirer les tulipes renversées qui fleurissent dans cette région. Fârsân fait partie des zones protégées depuis 1996. L’Iran est le seul pays où la tulipe renversée pousse de façon sauvage. Des voyageurs européens qui vinrent en Iran ont emporté cette fleur en Europe pour la première fois en 1576. La tulipe renversée fut alors cultivée en Europe dans les jardins des résidences très aisées et des familles royales. Sa culture commença de façon massive au Pays Bas au XIXe siècle. La tulipe renversée fait partie des 170 espèces de tulipes qui poussent de façon sauvage en Iran. Les régions montagneuses des provinces de Lorestân, Tchahâr Mahâl va Bakhtiâri sont les principales régions où pousse la tulipe renversée de façon sauvage, du début du printemps jusqu’au milieu de l’été selon le climat. La tulipe renversée a une prédilection pour les terrains rocheux situés à plus de 1500 mètres d’altitude.

http://www.teheran.ir/spip.php?article999#gsc.tab=0


Nous nous mettons en quête de la fameuse tulipe. Sur un premier site, non loin de Chelguerd, elles ne sont pas encore en fleurs. Des touristes iraniens nous indiquent un autre site, à une cinquantaine de kilomètres, près de Khvansar. Il faut s'élever un peu sur le flanc de la montagne pour découvrir enfin les champs de fleurs sauvages.










Et si nous nous interrogeons sur leur qualité de tulipes, la présence au même endroit de tulipes sauvages tout à fait classiques lève nos doutes.




 D'ailleurs, la bergeronnette des Balkans s'est montrée formelle, ce sont bien des tulipes.


Nous bivouaquons sur le site.

Videos.

Quelques instants de la remontée en vidéo à travers le pare-brise.



Passage du col à 3000 m.


dimanche 27 août 2017

La course aux ânes.

Le sourire est revenu sur toutes les lèvres. Seul Farouche s'inquiète en regardant les hauts cols qu'il nous faut franchir sur la route du retour, puisque nous sommes dans un cul de sac.*




Nos véhicules ont fait fuir les ânes et leur propriétaire a dû leur courir après sur quelques centaines de mètres.






Les ânes récupérés, le couple va d'abord descendre dans le ravin, puis emprunter un minuscule sentier dans les rochers pour gagner l'autre côté de la montagne.













La piste du retour nous aura semblé moins longue et moins difficile que l'aller, et nous profitons mieux des splendides paysages.


* On pourra, avec profit, se référer dans la rubrique "Blagues à part" au paragraphe "Reconnaître à coup sûr un cul de sac".

samedi 26 août 2017

Accident sur la piste.

Rassurez vous tout de suite, nous ne sommes en rien impliqués dans l'accident dont il s'agit.
Je vous raconte, ce début de matinée un peu chaud.
Nous sommes réveillés ce matin par  le babillage de plusieurs jeunes femmes, dont les clientes d'hier, qui se rassemblent en contrebas de notre bivouac, joyeuses, bavardes, en goguette, comme si elles se préparaient à partir pour un pique-nique, ou une fête. Elles embarquent bientôt dans un vieux pick-up bleu, cinq, puis dix, puis vingt, et enfin une trentaine de femmes et jeunes filles, tassées debout dans la benne, ou assises sur la ridelle, les pieds sur le pavillon. Elles nous apostrophent en riant devant notre stupéfaction et notre inquiétude, et refusent d'être photographiées. En plus du chauffeur, un homme se tient debout sur le pare-choc arrière, accroché d'une main à la ridelle.
Bientôt, chacune ayant payé son écot, la voiture s'élance et prend de l'élan dans la descente pour attaquer la raide remontée après le virage. Elle disparaît à mes yeux avant de ressortir de derrière les arbres, tente de négocier le virage derrière un gros rocher, ralentit dans la pente, et repart en arrière, malgré la réaction de l'homme qui a sauté sur la piste et tente de mettre un caillou sous une roue arrière. Je ne vois plus ce qui se passe, mais aux cris qui me parviennent, je comprend que le pick-up s'est renversé.
Le temps de prévenir Jacques, nous courrons tous les deux vers le lieu de l'accident, effrayés à l'idée de nous trouver confrontés à des blessures graves, ou même à des morts.
Bienheureusement, les femmes n'ont pas été précipitées dans le ravin., et se relèvent, tant bien que mal, geignant et pleurant, soutenant leurs compagnes les plus mal en point. Elles souffrent toutes de contusions. L'une à une grosse plaie au coin de l'œil, une autre à un coude cassé ou déboîté, une troisième se plaint de violentes douleurs à l'abdomen. Martine et Nicole, sans même enfiler l'uniforme, jouent les infirmières, désinfectent, pansent, distribuent pommade et antalgique, calment et rassurent. Nos deux pharmacies réunies comptent plus de matériel de soin que le village n'en a jamais vu, et il n'y a pas le plus petit centre de soins à quarante kilomètres à la ronde. Pour faire rempart au regard des hommes, pendant que nos secouristes soulèvent les voiles et les jupes, les femmes font un cercle autour du muret où se déroulent les examens.
Les hommes, d'ailleurs, nous exceptés, s'en foutent à peu près éperdument. C'est tout juste s'ils finissent par s'intéresser à ce pick-up renversé qu'il va bien falloir remettre sur ses roues, avec les moyens du bord.
Et les moyens du bord, c'est une pioche, une pelle, une barre à mine, une sangle appartenant à Jacques, et la force de traction du toyota. Après 3/4 d'heure d'effort, Jacques hâle le pick-up dans la montée jusqu'à un plat où il finira par redémarrer. Les dégâts sont minimes.
Entre temps, les sept ou huit femmes dont l'état nécessite des soins plus sérieux,  ont été installées dans un autre pick-up, qui a négocié le virage fatal quasiment sur deux roues, à notre grande frayeur, et s'est élancé sur la piste, pour deux heures, vers Chelgerd à 40 km, ou Ispahan, à 180.










Le deuxième pick-up prend la route de l'hôpital.



Sur la photo ci-dessous, on aperçoit en fond le groupe de femmes au milieu duquel officient encore Martine et Nicole.